L’obésité s’étend aussi dans les pays pauvres
L‘obésité, maladie des pays riches ? Certainement pas ! L’épidémie s’étend partout dans le monde, y compris dans les pays pauvres et en voie de développement, où dénutrition et surpoids cohabitent quelquefois. Selon l’OMS, 42 millions d’enfants de moins de 5 ans sont obèses, dont 35 millions dans les pays en voie de développement. En Inde, 20 millions de femmes et 9,8 millions d’hommes sont touchés. A Jalalabad, une des plus grandes villes d’Afghanistan, située à l’est du pays, plus d’un adulte sur quatre est concerné. L’Afrique n’est pas épargnée puisque d’ici 2020, 12,7% des enfants du continent seront en surcharge pondérale.
Le résultat de l’intégration au marché alimentaire mondial
En cause, l’arrivée progressive, ces trente dernières années, de produits alimentaires des industriels occidentaux. Lors de son Forum sur la nutrition en juin et juillet 2016, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) a souligné que cette intégration permet certes de « fournir des produits plus sains aux consommateurs, [mais] encourage simultanément l’extension du commerce de mauvais produits ». A savoir des aliments bon marché et non nourrissants, riches en calories, mais faibles en vitamines, fibres et minéraux. « La vente d’aliments ultra-transformés et de sodas sucrés augmente », constate aussi Mohamed Ag Bendech, fonctionnaire de la FAO chargé de la nutrition.
Une baisse de l’activité physique
Autre explication : à mesure qu’ils s’intègrent dans la mondialisation, les pays en transition adoptent également le mode de vie occidental, sédentaire et urbain. Dans un article publié en 2014, Trishnee Bhurosy et Rajesh Jeewon, du département des sciences de la santé de l’université de l’île Maurice, constatent ainsi une baisse de l’activité physique en Afrique depuis les années 1980. Les routes goudronnées, utilisées par des taxis et des bus, réduisent la marche à pied, les métiers manuels perdent du terrain et la prédominance des écrans augmente la sédentarité. Les chercheurs décrivent aussi des aménagements et des infrastructures freinant la mobilité, ainsi qu’un manque de trottoirs sûrs, de pistes cyclables et de terrains de jeux.
Comme en Occident, les plus pauvres sont les plus touchés
Auparavant marqueur des populations aisées, comme au Brésil par exemple, l’obésité devient l’apanage des plus pauvres. Trishnee Bhurosy et Rajesh Jeewon l’expliquent notamment par le fait que les aliments de mauvaise qualité nutritionnelle sont souvent achetés à bon marché auprès des vendeurs de rue par cette population. Tandis que les produits frais se trouvent dans les magasins conventionnels plus chers. Les chiffres sont sans appel : bientôt, les territoires en voie de développement en Afrique et en Asie du Sud-Est seront confrontés aux niveaux de surpoids que connaissent aujourd’hui les Etats-Unis et l’Europe. Déjà des pays du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord comme l’Egypte ont dépassé les niveaux occidentaux.
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Dans le monde, il y a deux fois plus de personnes obèses ou en surpoids (1,5 milliard) que de personnes sous-alimentées (868 millions). Mais avec 36 millions de morts chaque année, la malnutrition est plus mortelle que le surpoids, responsable de 29 millions de décès.