Les ARS, courroies de transmission de la politique de l’Etat dans les territoires
Avec les agences régionales de santé (ARS) et les nouveaux centres spécialisés de l’obésité (CSO), l’Etat est à la manœuvre dans les territoires pour contrer cette maladie.
« La médecine de l’obésité a maintenant une arme : les centres spécialisés de l’obésité (CSO). Ils sont comme des tours de contrôle dans les territoires, pour organiser un parcours de soins professionnel et efficace », annonce le professeur Olivier Ziegler, en charge de la coordination des 37 CSO que compte le pays. Héritages majeurs du Plan obésité 2010-2013, ces structures nées en 2012 doivent planifier une réelle médecine de l’obésité, un domaine délaissé par le corps médical et au sein duquel prospèrent les vendeurs de régimes trompeurs et autres charlatans. D’une grande indépendance, chaque CSO réunit une équipe pluridisciplinaire chargée de s’occuper des formes complexes de la maladie, par exemple celle associée à une déficience mentale ou nécessitant le recours à la chirurgie. Dans chacun des centres, le coordinateur a également la responsabilité de développer et d’animer un réseau de professionnels locaux formés au sujet : médecins libéraux, hospitaliers, acteurs médico-sociaux, associations de patients, ou encore groupes d’activité physique adaptée. Le but : constituer une sorte de carnet d’adresses qui permettra ensuite aux généralistes de mieux orienter leurs patients obèses.
Des structures encore balbutiantes
Alors que la médecine de l’obésité tâtonne encore, les CSO ont également pour mission de faire remonter les bonnes pratiques du terrain au réseau de soignants. Encore embryonnaires, ces nouvelles entités sont des outils spécifiques à la France.
Les CSO font remonter les bonnes pratiques du terrain aux soignants.
« Nous devons maintenant communiquer davantage et prouver leur efficacité, pour obtenir des financements sûrs », reconnaît le professeur Ziegler. Car pour l’instant, les postes des 37 coordinateurs, payés par l’Etat via les ARS, ne sont pas assurés d’un financement pérenne d’une année sur l’autre. « Cela dépend du choix politique des ARS », explique le professeur Ziegler.
Les ARS au secours des collectivités
Bras armé de l’Etat dans les territoires en matière de santé, les ARS « doivent également plaider la cause de la lutte contre l’obésité auprès des collectivités », explique Annick Dierteling, directrice adjointe de la santé publique de l’ARS Grand Est. Celles-ci, souvent désemparées, manquent de moyens et ne disposent que d’un périmètre de compétences restreint sur le sujet. L’Etat est donc appelé à la rescousse. En 2015, l’ARS Grand Est a ainsi financé, pour près de 400 000 euros, 15 contrats locaux de santé centrés sur la nutrition ou l’activité physique. A Mulhouse, par exemple, des quartiers prioritaires de la politique de la ville bénéficient de 55 000 euros de l’ARS pour sensibiliser l’ensemble des acteurs sociaux, enseignants, acteurs culturels et sportifs à l’obésité. Depuis, des séances sont dédiées à la nutrition dans les écoles et les associations sportives adaptent leurs activités aux personnes obèses. Cette expérience, initiée en 2014, couvrait un quartier. Deux ans plus tard, cinq quartiers en bénéficient. Signe d’une forte demande des collectivités.