Traiter le patient dans sa globalité
Pour aider les personnes obèses à modifier leurs habitudes, l’éducation thérapeutique met en place des équipes soignantes pluridisciplinaires. Reste à les financer…
La prise en charge actuelle de l’obésité sera-t-elle considérée comme un scandale sanitaire dans quelques années ? Le professeur Olivier Ziegler, du service nutrition et maladies métaboliques du CHU de Nancy, s’inquiète par exemple des fréquents recours à la chirurgie bariatrique, dont les conséquences neurologiques sont encore peu connues. Ou encore des régimes en tout genre, qui occasionnent beaucoup de dégâts. « Il faut mettre en place une véritable médecine de l’obésité accessible à tous », prévient-il. Et il y a urgence. Car cette maladie complexe désarme la plupart des médecins généralistes. La solution serait de travailler sur les comportements, c’est-à-dire l’alimentation, le sommeil, l’activité physique, le rythme de vie, les loisirs…
La solution serait de travailler sur les comportements.
Cette nouvelle stratégie, appelée éducation thérapeutique, implique médecin traitant, mais aussi psychologue, nutritionniste, coach sportif, masseur-kinésithérapeute ou encore assistante sociale, selon les besoins. L’objectif : améliorer la qualité de vie. Pour cela, « il faut que le médecin accepte d’aller au-delà d’une simple consultation longue, et adhère à la philosophie qui consiste à prendre la personne dans sa globalité et à travailler en équipe », explique le professeur Ziegler.
Lever l’obstacle financier
Mais cette méthode se heurte à un obstacle de poids : son coût. Les caisses de l’Etat étant vides, dans la plupart des cas, les consultations chez un diététicien ou un psychologue prescrites à une personne obèse ne sont pas remboursées, alors même que la maladie concerne en grande partie les plus pauvres. Mais si l’entrave financière était levée, le patient accepterait-il de suivre la thérapie et les conseils des différents praticiens ? C’est ce que tentera de déterminer une expérimentation de la Cnam, débutée en janvier 2017 à l’île de la Réunion, dans les départements du Nord, du Pas-de-Calais et en Seine-Saint-Denis. Elle permet au médecin traitant de prescrire des consultations diététiques, des bilans d’activité physique ou des consultations psychologiques remboursées par la Sécurité sociale, à des enfants de 3 à 8 ans présentant des risques d’obésité. L’étude a pour ambition de toucher en tout 9 000 enfants, à raison de 3 000 sujets par an sur trois ans. « Sur le papier, cet accompagnement global est la bonne solution, mais les généralistes réussiront-ils à s’emparer de cette offre ? Parviendront-ils à convaincre les familles d’en profiter ? », s’interroge le docteur Isabelle Vincent, en charge du projet de la Cnam. Résultats en 2020.