QUESTIONS À… Arnaud Basdevant
Arnaud Basdevant, responsable du Plan obésité 2010-2013 et chef du département nutrition de l’hôpital de la Pitié-Salpêtrière, à Paris
Quels sont les résultats du Plan obésité 2010-2013 ?
Bien qu’encore en cours d’évaluation, les premières remontées sont très positives. Ce plan a créé une forte impulsion, tant au sein de l’Assurance maladie, que dans l’administration du ministère de la Santé, ou encore parmi les associations et les sociétés savantes. Localement, il a renforcé et multiplié les initiatives. Pour autant, il faudra du temps pour que l’ensemble du territoire soit maillé de structures de soins adéquates : c’est l’enjeu principal pour que les plus vulnérables ne tombent pas dans les pièges des nutritionnistes médiatisés aux régimes inadaptés.
Quels ont été les facteurs de réussite ?
L’interministérialité a été un succès : toutes les six semaines environ, le comité de pilotage réunissait les représentants des ministères concernés (Santé, Environnement, Agriculture, Ville…). Cela a assuré un dynamisme qui dure encore. La mobilisation de l’administration du ministère de la Santé a aussi permis que ce problème de santé publique ne passe pas à la trappe en 2012.
Le regard a-t-il changé ?
Il y a un fossé immense entre l’avancée des connaissances scientifiques sur l’obésité – ses causes génétiques ou neurobiologiques notamment – et l’information véhiculée auprès du grand public. L’explication de cette maladie par la malbouffe et le laisser-aller prévaut encore. L’obésité est une maladie à propos de laquelle le jugement et la morale continuent de l’emporter. Il y a donc un enjeu majeur de communication.