Des patients délaissés après leur chirurgie bariatrique
Longtemps restée une spécificité nord-américaine, la chirurgie bariatrique – consistant à modifier le système digestif, en réduisant l’estomac ou en posant un anneau gastrique, pour diminuer l’absorption des aliments – progresse en France. Depuis 2006, le nombre d’opérations a triplé, pour atteindre en 2014 environ 47 000 cas. En tout, on estime que 450 000 personnes auront été opérées entre 2006 et 2017. Un essor considérable qui, en 2009, a obligé la HAS (Haute Autorité de santé) à encadrer davantage cet acte médical lourd et à le limiter aux situations d’obésité sévère (IMC supérieur à 35). Si elle permet de réduire jusqu’à 60% l’excès de poids initial, la chirurgie n’est pourtant pas une solution miracle.
Depuis 2006, le nombre d’opérations a triplé.
Loin de là. Problèmes digestifs, carences nutritionnelles, reprise de poids, perte de masse osseuse, troubles psychologiques… les risques associés sont légion. Malgré les recommandations de la HAS préconisant un suivi de cinq ans, une étude de l’Académie nationale de chirurgie (2015) montre que deux ans après l’opération, un patient sur deux n’est plus accompagné. Résultat, seule la moitié d’entre eux prennent les suppléments en vitamines, calcium ou fer, pourtant essentiels pour prévenir les risques de maladies neurologiques ou le ralentissement cérébral, rare mais irréversible. Livrés à eux-mêmes, confrontés à leur nouveau corps, à la déception ou à la honte lors de la reprise de poids – fréquente deux ans après l’opération –, les patients sont également exposés à un risque de tentative de suicide 50% plus élevé qu’avant l’opération, d’après une étude canadienne (2015).