Informer ne suffit plus : place à l’intervention !
Face à l’obésité, l’action politique a tout misé sur l’information nutritionnelle afin de responsabiliser le consommateur. Une stratégie plus interventionniste émerge : elle propose d’agir directement sur son environnement.
Plan obésité, Programme national d’alimentation (PNA), Plan national nutrition santé (PNNS)… face à l’obésité, les plans gouvernementaux se multiplient. Le Plan obésité 2010-2013 était centré sur la prise en charge médicale ; le PNA travaille depuis 2010 à promouvoir une alimentation saine auprès des industries agroalimentaires ; tandis que le quatrième PNNS, en cours d’élaboration, se concentre sur les comportements alimentaires. Autre acteur mobilisé : le CSA, via une charte – initiée en 2009, et renouvelée jusqu’en 2019 – signée par 36 chaînes de télévision s’engageant à diffuser 587 à 753 heures de programmes vantant une bonne hygiène de vie.
Informer n’est pas tout
Ces initiatives tous azimuts sont-elles un coup d’épée dans l’eau ou une réelle solution ? Le Sénat pointe une « dispersion, voire [un] émiettement des actions de prévention ». Quant à leur efficacité, quinze ans après les premières campagnes « Manger Bouger », Marie Plessz, chercheuse à l’INRA, évalue leur impact : grâce à une étude auprès de 38 000 individus, elle constate que les normes nutritionnelles sont connues. Mieux, la majorité des Français savent qu’il est meilleur de préparer un vrai repas plutôt que de grignoter ou de réchauffer un plat tout préparé. Le hic : ces règles ne sont globalement pas appliquées ! Même conclusion pour les programmes télévisés : « des émissions valorisant une bonne alimentation, comme “Top Chef”, remportent de grands succès mais elles ne sont pas suivies d’effets », souligne Marie Plessz. Le constat d’échec est le même pour les chartes signées avec l’industrie agroalimentaire, destinées à améliorer la composition de produits considérés comme malsains et dont se targuent le Plan obésité et le PNA du ministère de l’Agriculture. En effet, ces chartes ne sont pas contraignantes et « n’aboutissent pas à des changements concrets », reconnaît le directeur du Plan obésité, le professeur Arnaud Basdevant.
Agir sur l’environnement
Que faire ? Les associations demandent un interventionnisme politique plus fort agissant davantage sur l’environnement. Par exemple, « l’aménagement du territoire peut favoriser la mobilité grâce à des trottoirs plus larges, des pistes cyclables ou des parcs urbains, avance Virginie Chasles, géographe à l’université Jean Moulin à Lyon. Déjà, dans les zones urbaines prioritaires, où l’obésité est surreprésentée, tous les nouveaux projets de rénovation tiennent compte de cet objectif ».
Les associations demandent un interventionnisme politique plus fort.
La publicité est un autre terrain sur lequel agir car « l’enjeu pour les publicitaires est d’imprimer le plus tôt possible une marque dans l’esprit des enfants, pour les fidéliser ensuite toute leur vie à un produit. Face à ce matraquage, les parents sont démunis », explique le sénateur André Gattolin (EELV). L’élu a porté une proposition de loi, promulguée en décembre 2016, qui interdit toute publicité commerciale quinze minutes avant et après les émissions destinées aux moins de 12 ans sur les chaînes publiques. Déjà les Pays-Bas, l’un des rares pays où l’obésité devrait diminuer selon les projections de l’OMS, a interdit toute publicité alimentaire en direction des moins de 7 ans. Aujourd’hui l’autorégulation de l’industrie agroalimentaire ou de la publicité domine, mais, alors que les chiffres sur l’obésité sont de plus en plus alarmants, le politique devra peut-être se montrer moins conciliant.