La facture française de l’obésité s’élève à 12,9 milliards d’euros par an
Seuls les pays qui auront su maîtriser l’épidémie d’obésité pourront préserver leur système de protection sociale », prévenait en 2008 Laurent Degos, alors président de la Haute Autorité de santé.
Le financement du coût de l’obésité n’est pas assuré.
Las, le financement de cette nouvelle source de dépenses causée par les 33 millions de personnes en surpoids annoncées en 2030, n’est pas assuré. Une facture qui s’élèverait, selon une étude du Trésor public de septembre dernier, à près de 13 milliards d’euros par an. Sur les bancs de l’Assemblée nationale, certains parlementaires s’en inquiètent. « A-t-on anticipé ce coût ? », demande ainsi le député Guénhaël Huet (LR) dans une question écrite au gouvernement en septembre dernier. Une question laissée sans réponse pour l’instant.
Une note de 4,6 milliards d’euros pour les finances publiques
Deux fois plus exposée aux affections de longue durée (ALD), comme le diabète ou le cancer, une personne obèse coûte à l’Assurance maladie 296 euros de plus par an qu’une personne de poids « normal ». Soit un surcoût total de 6,5 milliards d’euros en 2012. Sans compter les indemnités des arrêts maladie (0,5 milliard d’euros), les pensions d’invalidité (1,7 milliard d’euros) et les dépenses de prévention (0,1 milliard d’euros). Mais il faut aussi tenir compte des effets de bord positifs sur la facture. Car en diminuant l’espérance de vie, l’obésité permet à l’Etat de payer moins de retraites et donc d’économiser 4 milliards d’euros. Rentrent aussi tous les ans dans les caisses de l’Etat les 0,2 milliard d’euros de taxes nutritionnelles sur les boissons sucrées, édulcorées et énergisantes, en partie responsables de cette maladie. Au total, le solde reste néanmoins négatif, puisque l’obésité coûte en tout à la puissance publique près de 4,6 milliards d’euros.
Un coût encore largement sous-estimé
Mais le poids financier de l’obésité ne se limite pas aux dépenses de santé. Cette maladie diminue la productivité du pays en excluant toute une frange de la population de l’emploi. Les femmes obèses sont ainsi 10% moins nombreuses à travailler que les autres femmes : le manque à gagner est estimé à 5 milliards d’euros par an. Quant au coût de l’absentéisme des personnes obèses, il monte à 1,2 milliard d’euros par an. En y ajoutant les dépenses de soins non remboursées à la charge du malade (1,1 milliard d’euros), on atteint un « coût externe » de l’obésité de 7,3 milliards d’euros par an. Enfin, le Trésor public ne s’arrête pas là et prend en compte les 1 milliard d’euros de « coûts d’opportunité pour l’économie de lever des prélèvements obligatoires », pour arriver à un total de 12,9 milliards d’euros par an. Reste que la charge financière de la maladie est encore largement sous-estimée tant ses effets sont nombreux. Il est également difficile d’évaluer et de chiffrer ses répercussions sur la qualité de vie ainsi que sur la santé psychologique. Dans son rapport de 2008, la députée Valérie Boyer (LR) notait aussi que l’obésité n’est pas automatiquement enregistrée lors du parcours du malade : dans certains cas, les soins qu’elle occasionne ne sont pas comptabilisés comme y étant liés.