En 2030, l’obésité pourrait toucher un Français sur quatre
Reconnue comme maladie par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et considérée, sous sa forme la plus sévère, comme un handicap par la Cour de justice de l’UE, l’obésité est un phénomène mondial qui s’étend de manière alarmante.
« Excès de masse grasse entraînant des conséquences néfastes pour la santé », l’obésité concerne 13% de la population mondiale adulte, selon une enquête de la revue médicale britannique « The Lancet » (avril 2016). Depuis 1980, le nombre de personnes concernées a doublé. Alors que les pays riches sont les plus touchés, la maladie gagne aussi les pays en développement et les pays pauvres, surtout en milieu urbain. En Afrique subsaharienne, par exemple, le nombre d’enfants en surpoids est passé de 4 millions en 1990 à 10 millions en 2012. La France se classe aujourd’hui au 21e rang mondial et au 10e rang européen, avec un taux d’obésité d’environ 15,5% de sa population adulte.
Une croissance exponentielle
Dans l’Hexagone, l’obésité a augmenté de plus de 76% entre 1997 et 2012. Une courbe qui grimpe moins vite depuis quelques années : 14% de la population était obèse en 2009, 15% en 2012, et un peu plus de 15,5% en 2013 selon l’enquête de l’Inserm et de la Cnamts (cohorte « Constances » de plus de 29 000 personnes entre 30 et 69 ans dans 16 départements). Cela n’empêche pas l’OMS de s’alarmer en annonçant qu’un Français sur quatre pourrait être atteint en 2030. Aujourd’hui déjà, le surpoids concerne près de la moitié des Français. Qui sont-ils ? L’étude de l’Inserm et de la Cnamts parue en octobre dernier constate une différence minime entre les hommes et les femmes, alors que l’âge s’avère être déterminant.
Aujourd’hui, 50% des Français sont en surpoids.
Ainsi la proportion de personnes obèses double entre les trentenaires (11%) et les sexagénaires (19%). Le niveau de revenu est un autre facteur discriminant, car à moins de 1 000 euros mensuels, cette maladie concerne un individu sur quatre, contre moins d’une personne sur 10, lorsqu’elles gagnent plus de 4 200 euros par mois. Les disparités géographiques sont également flagrantes : plus de 25% de la population est obèse dans le département du Nord, contre moins de 11% à Paris.
Un mal responsable de 13% des décès en Europe
Diabète gras – associé à l’obésité dans 80% des cas –, mais aussi cancers (notamment du foie, de l’utérus ou du sein), accidents vasculaires cérébraux, hypertension artérielle… l’obésité multiplie les risques de contracter plusieurs maladies (lire les pages « Chiffres et données clés »). L’excès de masse grasse pèse également sur les os et provoque des douleurs articulaires, voire de l’arthrose. Sans compter les troubles respiratoires tels que l’apnée du sommeil. D’après l’OMS, l’obésité est l’une des premières causes de mortalité en Europe, où elle est responsable de 13% des décès. Selon « The Lancet », une personne obèse perd entre 3,5 et 8 ans d’espérance de vie. Des chiffres à prendre avec précaution car la notion d’« obésité saine », encore peu connue, émerge. Il s’agit d’une obésité ne présentant pas ces risques pour la santé et qui concerne tout de même 25% des hommes et près de 52% des femmes obèses de la cohorte « Constances ». Néanmoins, au-delà des conséquences physiques, ce mal a un retentissement psychologique et social, puisqu’il isole et favorise les dépressions. Nutritionniste et responsable du Plan obésité 2010-2013, le professeur Basdevant résume la particularité de cette maladie : « visible, stigmatisante et sur laquelle le jugement moral l’emporte souvent ».