Allemagne / Royaume-Uni : Les effets pervers de la vente de logements sociaux
En Allemagne, le logement privé est, depuis longtemps, la norme. Le logement n’y est, en effet, « social » que pour une durée déterminée, les organismes HLM étant incités à louer et surtout à céder leurs biens au prix du marché, une fois qu’ils sont amortis (entre vingt et quarante ans). L’argument mis en avant est l’amélioration de la structure de bilan des bailleurs sociaux qui renforcent ainsi leur capacité d’autofinancement et d’investissement. Au total, avec 100 000 habitations tombant chaque année dans le secteur privé, il ne resterait plus qu’un million et demi de logements sociaux dans le pays. A titre de comparaison, la France en compte 4,8 millions. Au total, le parc social ne représenterait plus que 4% de l’offre globale outre-Rhin, contre 17% dans l’Hexagone, par exemple. A en croire des articles récents de la presse allemande, cette raréfaction commencerait à créer des tensions, d’autant que l’arrivée de migrants décuple les besoins.
Mise en place d’un « right to buy »
Au Royaume-Uni, le bilan de la politique de privatisation du parc social mise en œuvre dès les années quatre-vingt, avec l’arrivée au pouvoir du parti conservateur de Margaret Thatcher, s’avère mitigé. Plusieurs lois votées dans cette décennie ont certes instauré le « right to buy », qui accordait aux locataires du secteur public le droit de se porter acquéreurs de leur logement. L’initiative a rencontré un véritable succès. Les occupants, en grande partie issus des milieux populaires, ont ainsi pu accéder à la propriété en profitant de décotes significatives – jusqu’à 50% – par rapport à la valeur de marché de leurs logements. Depuis 1980, plus de 2 millions de HLM auraient été vendus. Cependant, certains logements sociaux situés dans le quartier de Notting Hill à Londres, et cédés à leur occupant, ont été revendus à des ménages aisés. Les vendeurs ont pu dégager des plus-values élevées et… se reloger en périphérie de la capitale !