Les locataires sociaux au centre de la politique urbaine
Conscients que la politique du logement social doit être plus globale, les pouvoirs publics l’incluent de plus en plus dans les programmes d’aménagement des territoires.
Construire est une chose. Encore faut-il intégrer ces bâtiments dans des plans d’aménagement plus globaux : « En adoptant des mesures spécifiques pour le logement dans les quartiers en difficulté, sans les intégrer dans une politique de la ville plus large, on néglige des enjeux majeurs comme le développement des transports pour permettre l’accès à l’emploi », met en garde Marie-Hélène Bacqué, professeur d’études urbaines à l’université Paris-Ouest-Nanterre-La Défense. C’est pourquoi les collectivités mettent en place de nouveaux équipements supposés répondre aux besoins des habitants de ces ensembles urbains (encadré ci-dessous).
Plus de démocratie participative
Il s’agit aussi de remettre les locataires sociaux dans le circuit économique et social. Il faut, sur ce point, saluer les initiatives prises par certains bailleurs. A l’exemple du groupe SNI (filiale de la CDC) qui, comme l’explique André Yché, président du directoire « a mis en place un circuit court d’accès à l’emploi et à la formation.
Savoir quelle ville on veut construire et pour qui.
Des antennes de l’Afpa ( Association pour la formation professionnelle des adultes ) ont ainsi été installées dans une douzaine de résidences. Les gardiens peuvent orienter les locataires vers les conseillers qui y assurent des permanences ; à terme, ce dispositif, qui permet de sortir de la logique de guichet, devrait être étendu à une vingtaine de résidences ». Un autre impératif consiste à introduire davantage de démocratie dans les prises de décisions : « L’urbanisme reste encore trop souvent le champ des spécialistes et des responsables politiques ; il n’y a pas de débat de fond sur le sujet de savoir quelle ville on veut construire et pour qui ; or, on ne peut transformer et repenser un quartier qu’avec ses habitants », insiste Marie-Hélène Bacqué. Sur le terrain, des initiatives se font jour : « Nous avons mis en place huit conseils de quartiers, ainsi qu’un conseil citoyen, et les administrés ont été consultés pour définir le projet de construction de la médiathèque située dans la ZUP du Mas du Taureau », se félicite Stéphane Gomez, élu de Vaulx-en-Velin. Dans le même temps, des expériences d’auto-construction et d’habitat participatif, même si elles restent anecdotiques, se multiplient.
Renouveau urbain à Vaulx-en-Velin
Vaulx-en-Velin, où eurent lieu les premières émeutes urbaines dans les années 1990, compte 58% de logements sociaux. L’équipe municipale élue en 2014 s’est engagée dans un programme de renouveau urbain ambitieux en amenant les équipements publics là où ils font défaut. Par exemple, la ZUP du Mas du Taureau comprendra une école, une médiathèque, une maison de quartier, un pôle commercial : « Nous voulons aussi construire une ligne de tramway, explique à la mairie Stéphane Gomez, qui desservira le nord de la ville ; nous avons aussi des projets de développement économique ; le but est d’attirer de nouveaux habitants pour accroître la mixité sociale. »