L’économie du partage révèle les besoins des territoires
Cabinet d’études économiques et de conseil, Asterès s’est intéressé à l’implantation géographique de l’économie du partage avec la mise en place d'un indice ciblant 30 villes.
Sur quels critères avez-vous défini votre indice de l’économie urbaine ?
Tout le monde parle de l’économie du partage, on le fait souvent avec des approches trop théoriques, sous un angle économique, sans s’intéresser à son implantation géographique. Où trouve-t-on cette économie du partage, quels sont les territoires concernés ? Nous avons voulu apporter une première réponse en étudiant une trentaine de centres urbains.
Les classements thématiques sont davantage révélateurs.
Nous avons retenu les plus grandes villes de France parce qu’il était plus facile d’y collecter les données que dans les territoires ruraux, qui auraient, c’est vrai, présenté un véritable intérêt. Enfin, je reconnais que notre définition de l’économie du partage peut sembler restrictive, puisque nous l’avons limitée à l’échange marchand entre particuliers par l’intermédiaire de sept plateformes*. Pour ce qui est de l’analyse des données, nous avons rapporté le nombre d’annonces publiées à la densité de la population des villes sélectionnées, dans quatre catégories : la vente, le transport, les services et le logement.
Un indice plein de surprises…
On aurait pu s’attendre, en effet, à ce que les grandes métropoles soient le mieux classées parce que l’on y trouve en général une population ultraconnectée, ce qui n’est pas confirmé par le palmarès global. Mais les classements thématiques sont davantage révélateurs. Ils confirment que l’économie du partage se développe là où elle répond à un véritable besoin. Prenons, par exemple, le covoiturage, avec BlaBlaCar, et la location de véhicules, avec OuiCar, qui ont pris de l’ampleur surtout dans les petites villes : le partage vient ainsi compenser une moindre densité de l’offre de transports en commun. En première position pour les locations de logement de courte durée, on trouve Paris et Nice. Une performance à mettre en relation avec l’attractivité touristique de ces deux métropoles, leurs habitants proposant plus souvent que les autres leur habitation sur Airbnb ou sur leboncoin.
Pour les ventes entre particuliers, comment expliquer la pole position d’Amiens et de Clermont-Ferrand ?
Pour analyser les données obtenues, nous les avons croisées avec la taille des villes, le taux de chômage, les revenus de la population. Les résultats mettent en évidence un lien entre pouvoir d’achat et partage entre particuliers de biens et de services. Sur une plateforme comme leboncoin, ce partage agirait comme une réponse au manque de pouvoir d’achat des ménages. Cela ne permet pas de dégager des lois intangibles, mais, pour le moins, des corrélations.
Cet indice a-t-il vocation à devenir annuel et à évoluer ?
Bien sûr, nous comptons le renouveler en 2017. Nous aurons alors des éléments de comparaison qui nous permettront de valider ou pas certaines analyses, ou de confirmer certaines tendances. Notre ambition est aussi d’ajouter d’autres plateformes lors de notre collecte de données et d’élargir l’indice à d’autres villes.
*Leboncoin, Airbnb, BlaBlaCar, OuiCar, Allovoisins, Stootie et Zilok.
INFO +
- Bordeaux, Lille puis Tours, sont les trois villes qui se classent en tête de l’économie urbaine du partage selon l’indice Asterès.
- Par segment, Amiens est en tête des ventes de biens entre particuliers, Lille, des services, Paris, du partage de logement et Orléans, du transport.