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Comment Donald Trump et le Brexit ont enterré le politiquement correct

16/11/2016
  • Les tribunes de Jean-Michel Arnaud
Huffington Post

Le débat public se résume souvent à deux visions déformées de la réalité : une vision aseptisée et une vision outrancière.

La victoire de Donald Trump aux élections américaines contre les représentants de « l’establishment » qu’ils soient démocrates ou républicains, a déjoué tous les pronostics. Après le Brexit, le populisme triomphe dans la plus grande démocratie du monde. De nombreuses raisons peuvent expliquer ce séisme : le déclassement, un réflexe identitaire, le chômage, le creusement des inégalités. Pour certains, le succès de sa phraséologie ordurière marque aussi la défaite du « politiquement correct » qui a asphyxié le débat public. Quels enseignements en tirer à quelques mois d’un débat présidentiel français à hauts risques ?

À force d’édulcorer pour ne pas choquer, les chantres de la bienséance ont fini par placer la délicatesse au-dessus de la vérité.

Pour le philosophe André Comte-Sponville, le politiquement correct naît d’une double confusion entre le « bien » et le « vrai » puis entre le « vrai » et le « droit ». À force d’édulcorer pour ne pas choquer, les chantres de la bienséance ont fini par placer la délicatesse au-dessus de la vérité, la morale devant la réalité. Des notions qui peuvent parfois se confondre, mais qui demeurent différentes. Ce que la sagesse populaire résume par le dicton : « Toutes les vérités ne sont pas bonnes à dire ». Sous la pression de minorités qui s’érigent en groupes de pression, la question n’est plus de savoir si l’on a raison ou tort. L’important est de choisir ses mots, quitte à se tromper.

Ce diktat de délicatesse a jeté un voile de plomb sur la pensée politique et conduit à l’apparition de ce que le philosophe Dominique Lecourt appelle un « puritanisme linguistique qui vire au moralisme radical ». Entre suspicion systématique, frénésie législative et recours permanent aux tribunaux, la liberté d’expression s’est réduite comme peau de chagrin. Pour contourner l’obstacle deux stratégies ont vu le jour. Les fameuses élites ont développé une novlangue médiatique, magma d’injonctions paradoxales, qu’elles sont les seules à comprendre et qu’elles n’emploient que sur les plateaux de télévision. Les autres, populistes de toute obédience, ont multiplié les coups de boutoir contre la pensée unique. Quant aux tenants d’une pensée complexe, précise et mesurée, ces-derniers n’ont plus voix au chapitre : trop longs, trop ennuyeux. Pour les Français, le débat public se résume souvent à deux visions déformées de la réalité : une vision aseptisée et une vision outrancière.

À force d’interdire de dénoncer, de moquer, de remettre en cause, l’auto-censure est devenue plus créatrice d’entropie que la censure. Dès lors on tend à faire de l’isoloir le dernier espace d’expression libre. Combien de sondés américains n’ont pas osé avouer qu’ils allaient voter Trump avant de glisser dans l’urne un bulletin à son nom ? Depuis 2005, les ruades démocratiques se succèdent – rejet du projet de traité établissant une constitution pour l’Europe en mai 2005, accession au pouvoir en Grèce d’Alexis Tsipras en janvier 2015, poussée du parti Podemos en Espagne et des formations populistes en Europe -, les discours se durcissent, les opinions se crispent.

Il ne s’agit pas d’encourager l’outrance, mais de replacer le débat politique sur le terrain de la vérité, non sur celui de la morale.

 

Comment y remédier ? Peut-être en cessant de dénigrer de façon systématique une classe politique française qui n’est ni meilleure ni pire qu’ailleurs. Les élus sont le reflet de ceux qui les élisent. Une fois au pouvoir, ils vont aussi loin que l’opinion publique le leur permet. Si « faillite » il y a, celle-ci est partagée. Pour le reste, il ne s’agit pas d’encourager l’outrance, mais de replacer le débat politique sur le terrain de la vérité, non sur celui de la morale. On peut dire des choses vraies, difficiles à entendre, sans insulter quiconque, ni élever la voix. Il appartient aux médias de faire respecter ces nuances, plutôt que de pousser à la faute ceux qu’ils interrogent. Autre exigence : ne rien céder sur la qualité du langage. Non par nostalgie, mais parce que les mots sont la matière première du débat. À force d’employer des expressions valises et passe-partout, celui-ci se vide de son sens.

Enfin, la politique doit apprendre à s’extraire d’une approche technique, pour répondre au besoin de sens qui s’exprime en chacun de nous. Dans le langage courant, on appelle ça « prendre de la hauteur ». On n’élit pas un comptable, ni un gestionnaire d’actifs, mais un Président. Comment ne pas voir dans l’aseptisation du débat public une conséquence d’un idéal politique réduit à sa portion congrue : l’efficacité du fonctionnement de l’économie ? Des voix s’élèvent parfois pour réclamer un « ré-enchantement de la politique ». Bel exemple d’expression globalisante. Fixer un cap et s’y tenir devraient suffire.

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