Nouveaux modes de consommation : bonus écologique ou course aux bonnes affaires ?
La consommation collaborative recouvre des motivations souvent contradictoires. Pour les uns, il s’agit d’avoir tout, tout de suite et à moindre prix, pour les autres, en quête de sens, de consommer écologique et éthique.
La diversité des plateformes et services proposés reflète l’hétérogénéité des motivations des utilisateurs. Nombre d’enquêtes confirment que le recours à la consommation collaborative, pour la majorité des Français, tient à la recherche des bonnes affaires. C’est ce qui a fait, entre autres, le succès de sites comme leboncoin, eBay, PriceMinister, etc., où les particuliers peuvent vendre ou échanger toutes sortes de biens ou de services.
Faire des économies, rencontrer les producteurs, réparer voire fabriquer soi-même…
A côté de sites généralistes fleurissent une multitude de sites spécialisés comme Pretachanger (troc et vente de vêtements), Rentez-Vous (location d’articles de mode féminine), l’Armoire des Petits (troc de vêtements, jouets et équipement pour enfants), etc. La restauration chez des particuliers fait aussi de plus en plus d’adeptes, avec Kelplat, VizEat… ou encore VoulezVousDiner. D’autres préfèrent se faire livrer des repas à domicile ou au bureau en faisant appel à des plateformes comme Deliveroo ou foodora, qui gèrent tout, de la commande à la livraison, pour laquelle ils ont recours à des auto-entrepreneurs. La logistique de proximité, devenue un enjeu de la consommation collaborative, fait émerger de nouveaux acteurs comme la plateforme Stuart, lancée en 2015, qui met en relation livreurs indépendants et commerces de tous types pour des livraisons rapides en ville.
Filières courtes et fab labs
D’un autre côté, les militants d’une consommation collaborative orthodoxe restent actifs. Très présents sur le créneau de l’alimentation, ils privilégient les filières courtes, avec le réseau des AMAP (Associations pour le maintien d’une agriculture paysanne), qui repose sur un partenariat de proximité entre producteurs locaux et consommateurs via la livraison de paniers de produits de saison. Plateforme nationale, La Ruche Qui Dit Oui ! (LRQDO) s’est aussi imposée dans ce paysage : elle met en contact consommateurs et producteurs locaux. Ces derniers, regroupés au sein de ruches disséminées sur le territoire, organisent chaque semaine des marchés éphémères où les consommateurs viennent retirer leurs commandes et les rencontrer. Le réseau, qui a fêté ses 5 ans cette année, revendique 650 ruches, fédère quelque 5 000 producteurs en France et a essaimé dans plusieurs pays européens. Lutter contre l’obsolescence programmée et donner une deuxième vie à des objets usagés ou en panne, c’est la raison d’être des Repair Cafés, où des particuliers partagent leur savoir-faire pour réparer ensemble des objets du quotidien. Nés aux Etats-Unis, les fab labs ont conquis la France depuis quelques années. Créées sur des initiatives privées ou publiques, ces plateformes d’innovation et de prototypage proposent des équipements mutualisés (ordinateurs, outils industriels, imprimantes 3D, etc.) pour fabriquer des objets, à l’unité ou en petite série. On y va autant pour une pièce de rechange introuvable que pour y dénicher une création innovante. Tendances fortes dans une consommation en mutation, la recherche de produits personnalisés et l’évolution vers une économie de la fonctionnalité, qui privilégie l’usage au détriment de la propriété, permettent de rapprocher les différents profils de consommateurs.