Start-up, promoteurs, PME… les nouveaux canaux de financement
En marge des circuits bancaires, le crowdfunding permet à des internautes de soutenir financièrement un projet porté par un particulier, une association ou une entreprise, via une plateforme de collecte de fonds.
La collecte sur les plateformes françaises de crowdfunding (ou finance participative) a été multipliée par deux en 2015 pour atteindre près de 300 millions d’euros (baromètre CompinnoV). L’engouement des Français pour ce mode de financement ne faiblit pas, ils sont déjà 2,3 millions à avoir financé un projet. « Les Français souhaitent redonner du sens à leur épargne. Ils cherchent plus de transparence, avec une affectation directe de leur argent dans un projet ou une entreprise qu’ils auront eux-mêmes sélectionné », commente Nicolas Lesur, président de Financement participatif France (association qui fédère les plateformes). Le crowdfunding s’est développé en réaction à la crise financière de 2008 et à la contraction des crédits bancaires. Il peut prendre la forme du don, avec contrepartie ou pas, de prêt entre particuliers (pouvant inclure le remboursement d’intérêts depuis l’ordonnance du 30 mai 2014 supprimant le monopole bancaire sur les prêts rémunérés), ou encore d’investissement en capital pour le financement d’entreprises ou de start-up – la rémunération passe par la perception de dividendes ou par la plus-value réalisée lors de la cession des titres. Si la plateforme My Major Company a été l’une des premières à se faire connaître, d’autres acteurs occupent aujourd’hui le devant de la scène, comme Ulule, KissKissBankBank, Unilend ou encore Lendopolis.
Un canal alternatif de financement pour les PME
Côté don, 50,2 millions d’euros ont été collectés auprès de 25 plateformes en 2015 contre 38,2 millions d’euros en 2014. Ce segment reste le moteur de la découverte du financement participatif par le grand public, puisque ces plateformes rassemblent plus de 80% du nombre des financeurs selon l’observatoire CompinnoV. Le financement sous forme de prêt a atteint 196,3 millions d’euros en 2015 (contre 84,4 millions d’euros en 2014) orientés à 98,4% vers des projets portés par des entreprises.
2,3 millions de Français ont déjà financé un projet.
Seuls 1,6% le sont par des particuliers. Les PME, et pas seulement les start-up, y trouvent, en effet, des solutions de financement (on parle ici de crowdlending) plus accessibles et moins contraignantes que dans l’univers bancaire, notamment pour leurs investissements immatériels. Un décret publié en octobre 2016 devrait booster encore cette activité, puisqu’elle porte le plafond de prêts sur 7 ans à 2 000 euros contre 1 000 euros auparavant, et même à 5 000 euros pour celui des prêts sans intérêt. La Médiation du crédit ne s’y est pas trompée : elle a signé un partenariat avec Financement participatif France, pour intégrer le crowdfunding à ses propositions de montage financier.
Des vignobles à l’immobilier
La multiplication des plateformes s’accompagne d’une tendance à la spécialisation pour se démarquer. Ainsi Wine Funding, dédiée à la filière du vin, permet aux œnophiles de devenir actionnaires d’un domaine viticole, avec la possibilité d’être remboursé en bouteilles de vin sur plusieurs années. Lendosphère et Lumo se sont positionnées sur les énergies renouvelables. La promotion immobilière, elle aussi, connaît un succès croissant. La plateforme Wiseed Immobilier a annoncé avoir collecté 20 millions d’euros en 2015 pour soutenir 29 programmes immobiliers (sur 290 projets reçus). Elle a permis la réalisation de 893 logements ainsi que des commerces et des bureaux.