L’économie collaborative, une alternative à un modèle de consommation qui s’essouffle
Pourquoi tous ces débats autour de l’économie collaborative ?
Cela tient à la confusion entre collaboratif et ubérisation. Or l’économie collaborative, ce n’est pas l’ubérisation de la société, c’est avant tout une économie du partage et des échanges, une économie qui apporte des réponses à une série de besoins exprimés par les usagers ou les consommateurs, besoins qui n’étaient pas ou ne sont pas satisfaits. C’est vrai, par exemple, dans le domaine de la mobilité durable, l’un des plus aboutis, ou encore dans le tourisme. Le mouvement va s’amplifier et toucher tous les secteurs, y compris celui de la santé. On entre dans un nouveau modèle économique. Le numérique permet aux initiatives collaboratives de changer d’échelle en facilitant les contacts entre les membres de communautés toujours plus larges. Ces initiatives façonnent une nouvelle forme d’intelligence collective dans la gestion des ressources, l’organisation des échanges. En cela l’économie collaborative devient une alternative crédible à un modèle de consommation qui s’essouffle. Le collaboratif répond ainsi aux enjeux environnementaux, avec l’économie circulaire. Il réinvente la proximité, notamment dans les zones enclavées et dans les communes rurales.
Ce n’est pas encore le cas aujourd’hui, comment y parvenir ?
Il faut favoriser l’émergence d’un écosystème favorable. Cela passe par le déploiement de la fibre optique dans toutes les communes, par des actions de sensibilisation et de formation pour forger les compétences et les talents de demain, notamment en informatique, car il ne faudrait pas que dans certains territoires la fracture des usages s’ajoute à la fracture numérique. Cela suppose encore de faciliter la création d’espaces de coworking, de fab labs, et d’aider à l’émergence de structures de portage salarial pour accompagner les travailleurs indépendants qui en ont besoin.
Une nouvelle forme d’intelligence collective dans la gestion des ressources.
Pour tenir ses promesses, l’économie collaborative doit aussi prendre ses responsabilités et faire en sorte que son succès ne soit pas seulement le résultat d’une stratégie de contournement des règles : elle doit s’engager à accompagner professionnellement les travailleurs qui la font vivre. L’économie collaborative n’est pas un épiphénomène, c’est un condensé de l’économie dans son ensemble et plus ses liens avec l’économie traditionnelle seront forts, plus nous aurons à y gagner collectivement.
Dans votre rapport, vous avez proposé de promouvoir des territoires collaboratifs expérimentaux, avez-vous été entendu ?
Un appel à projets va être lancé par le gouvernement, qui l’a annoncé lors du troisième Comité interministériel aux ruralités, le 20 mai 2016. Il devrait être doté de 50 millions d’euros**. Reste à rédiger le cahier des charges avant de lancer le processus. L’objectif est de sélectionner 30 territoires collaboratifs expérimentaux, avec des projets portés soit par des départements ruraux, soit par des villes, ou même par des quartiers, en métropole et dans les territoires et départements d’outre-mer. Il est souhaitable que ces différe nts projets se démarquent les uns des autres afin que l’expérimentation soit la plus large possible.
*Remis au Premier ministre en février 2016.
**Il devrait être finalement doté de 30 millions d’euros, soit 20 millions de moins que prévu.