Cannes, héraut de la prévention
toutes les huit secondes pendant deux heures ! Le 3 octobre 2015, entre 20h et 22h, le ciel tombe sur la tête de Cannes, situé au cœur de la tempête qui frappe le département. « En quelques secondes, le sol devient dur comme du béton, l’eau s’engouffre à grande vitesse dans les rues », raconte David Lisnard, maire de Cannes, « marqué à vie » par cette catastrophe. Pendant toute la nuit, l’urgence est de sauver des vies : les groupes de volontaires sont organisés et des solutions pour communiquer sans électricité sont trouvées. A 1h25, le palais des Victoires s’ouvre pour héberger quelques 120 sinistrés. Le Numéro Vert mis en place recevra 2 200 appels. Le lendemain, « nous sommes face à un paysage de guerre », décrit l’édile. La ville a perdu cinq habitants, et les dégâts assurables s’élèvent à 300 millions d’euros, auxquels s’ajoutent 40 millions pour les bâtiments communaux, la voirie et les vallons. Il faut enlever la boue, évacuer les tonnes de déchets, trouver un terrain où les stocker, lancer une campagne de dératisation et de démoustication, laver les rues à grande eau…
Une politique plus volontariste
« Après la catastrophe, notre politique de prévention est passée à la vitesse supérieure », explique Thomas Onzon, directeur général des services techniques de Cannes. Le soir de la tempête, le plan communal de sauvegarde (PCS) destiné à accompagner la mairie, n’a pas été ouvert car « trop livresque et peu opérationnel », se rappelle Thomas Onzon. Quelles cellules mettre en place ? Qui appeler ? A quel numéro ? Ces informations d’urgence contenues dans le PCS remis à jour l’été dernier ont été largement inspirées de la catastrophe de 2015. La mairie a également mis en place My Predict, une application capable de prévoir les événements climatiques extrêmes à l’échelle communale. Un réseau de haut-parleurs en cours d’installation sur 70 sites sensibles complétera bientôt les nouveaux mégaphones portatifs de la police, tandis que les sirènes de l’Etat, inutilisées depuis vingt ans, devraient être réinstallées.
La prévention à l’échelle communautaire
Cannes est traversée par des vallons, ces petits ravins faiblement irrigués voire secs, qui, le 3 octobre 2015, se sont transformés en violents cours d’eau se déversant sur la ville. Le curage et le débroussaillage de ces dépressions naturelles ont pris une nouvelle ampleur depuis un an. Mais la catastrophe est aussi le résultat de la politique d’aménagement.
Le plan communal de sauvegarde a été actualisé
Le PLU de Cannes va donc devenir plus contraignant. Il inclura les modifications du plan prévention risque inondation (PPRI) sur lequel travaillent les services de l’Etat. L’objectif : classer en zones non constructibles les territoires inondés l’année dernière. En attendant ce nouveau PPRI, le maire refuse déjà les permis de construire dans ces zones. Le degré d’imperméabilisation du sol ou encore la force du débit avec lequel seront expulsées les eaux en cas d’inondation sont également pris en compte dans l’examen des demandes. Dans certains cas, des bassins de rétention sont exigés. Pour l’instant, cinq permis de construire ont été refusés. Enfin, depuis juin dernier, la communauté d’agglomération est en charge de la compétence GEMAPI (gestion des milieux aquatiques et prévention des inondations) pour les rivières et les vallons des cinq communes membres. Un gage d’efficacité et de cohérence de l’action publique.