Des élus locaux plus exposés aux risques
Premières concernées par l’adaptation, les collectivités peinent pourtant à prendre conscience de l’urgence de la situation climatique.
Marratier, maire de La Faute-sur-Mer (Vendée) est condamné à la suite de la mort de 29 personnes, la nuit du 27 au 28 février 2010, lors du passage de la tempête Xynthia dans sa commune. La digue protégeant cette zone particulièrement exposée avait été submergée. Une sanction vécue comme un traumatisme pour beaucoup d’élus sur lesquels l’adaptation au changement climatique fait peser des grandes responsabilités. Car pour être efficaces, les politiques de résilience doivent être menées au cas par cas : elles sont donc à la charge des collectivités. Cette responsabilité concerne la sécurité des habitants, mais aussi les enjeux économiques, comme les fermetures des stations de ski situées sous 1 800 mètres, vouées à disparaître à cause de la hausse des températures.
Une politique d’adaptation quasi inexistante
Dans les villes, les places construites ou rénovées sont majoritairement minéralisées, c’est-à-dire sans végétaux, donc très exposées aux chaleurs caniculaires, pourtant appelées à se répéter.
Pour être efficaces, les politiques d’adaptation doivent être locales.
Une preuve de la faible sensibilité de la plupart des édiles locaux à l’adaptation. Et même chez les rares élus réceptifs à cet enjeu, les actions engagées sont disséminées sous la forme de plans pour la qualité de l’air ou de Trames vertes et bleues. « Pas question pour eux de mener une politique locale d’adaptation structurée ! », relève Elsa Richard, docteur en aménagement et conseillère auprès des collectivités sur le sujet. En cause notamment, « l’incertitude qui pèse localement sur les conséquences précises des aléas climatiques et qui empêche les élus d’agir », poursuit-elle. Exception à cet attentisme, les édiles des territoires les plus exposés : littoraux métropolitains, montagnes et zones ultramarines, qui voient le niveau de la mer monter et les glaciers fondre. Pour les accompagner, « le prochain enjeu est de former à la conduite d’une politique d’adaptation les fonctionnaires territoriaux mais aussi les bureaux d’études », explique Sylvain Moudon, chargé de la mise en œuvre du PNACC (voir p.9) à l’Onerc. Cette année, une vingtaine de fonctionnaires ont bénéficié d’un enseignement sur le sujet par Météo France. Une première.
De l’usage ou non de la contrainte
« Si les collectivités ne se saisissent pas de l’enjeu de l’adaptation, celle-ci pourrait devenir contraignante d’ici dix ans, notamment via des directives européennes », prévient Sylvain Mondon. Déjà l’Etat donne des impulsions. Et pour cause ! En première ligne pour indemniser les victimes, il a tout intérêt à financer et encourager ces politiques. A l’image du réensablement de la digue de Dunkerque en 2014, à hauteur de 4,5 millions d’euros, ou de l’obligation des plans climat énergie (PCET) et de leur volet Adaptation pour les collectivités de plus de 50 000 habitants.
RESPONSABILITÉS DES MAIRES
• Maîtrise de l’urbanisation (PLU)
• Prévention des risques naturels (digues…)
• Plan de prévention des risques naturels (PPRN)
• Document d’information communal sur les risques majeurs (Dicrim)
• Plan communal de sauvegarde pour les secours