Air France parie sur l’innovation technologique pour s’adapter
Quelle est la politique d’Air France face au changement climatique ?
Nous travaillons en priorité sur des politiques d’atténuation. Le trafic aérien mondial, responsable de 2 à 3% des émissions de gaz à effet de serre (GES), est en pleine croissance. Même s’il est difficile de réduire ces émissions – les initiatives telles que Solar Impulse* sont très expérimentales –, le secteur aéronautique vient de prendre un engagement de diminution à partir de 2050. Pour Air France, l’objectif est de réduire de 20% ses GES entre 2011 et 2020. Grâce, notamment, aux nouvelles générations d’avions et de moteurs moins gourmands en carburant, mais aussi à la diminution du poids des matériels, puisqu’un kilo en moins équivaut à 68 tonnes de GES de moins par an. Une vitesse maîtrisée ainsi qu’une descente continue, et non plus par paliers, diminuent également la consommation.
Quid de l’adaptation ?
Présent dans le monde entier, Air France est un témoin privilégié des changements climatiques. Nous travaillons, par exemple, avec le CNRS sur une étude de l’évolution des différentes couches de l’atmosphère. Nous n’avons pas de politique d’adaptation spécifique car nous croyons que les changements se feront progressivement dans chacun des secteurs touchés, grâce à l’innovation technologique.
La coopération entre les acteurs aériens est bien rodée.
Nous avons su tirer les leçons de l’éruption du volcan islandais Eyjafjallajökull qui avait paralysé le trafic aérien pendant cinq jours en 2010. Désormais, nous sommes mieux équipés pour déterminer la possibilité de décollage et la dangerosité du vol. Et face à la hausse des températures, qui, en modifiant les courants, pourrait nous obliger à voler plus bas et donc à subir plus de turbulences, la technologie nous permet déjà d’avoir des avions de plus en plus stables.
Comment travaillez-vous avec les aéroports, également concernés par le changement climatique ?
Nous surveillons la qualité des pistes d’atterrissage de chacun de nos aéroports partenaires. Cette veille est particulièrement pointue pour les pistes exposées à de fortes chaleurs ou à des pluies violentes, notamment en Afrique. En cas de problème, nous alertons l’Etat concerné, qui prend alors les mesures nécessaires. Ce mécanisme de veille est déjà opérationnel. De manière générale, le secteur aérien est très exigeant en termes de sécurité ; la coopération entre aéroports, compagnies aériennes, Etats et industriels est bien rodée. C’est un facteur de résilience.
Y a-t-il une impulsion de l’Etat sur ces sujets ?
Nous avons besoin d’une impulsion de l’Etat sur la problématique des biocarburants, puisque ceux-ci sont quatre à cinq fois plus chers que le pétrole, notamment depuis que le prix de ce dernier baisse. Notre objectif est d’atteindre progressivement 10% de biocarburant sur nos vols. C’est ambitieux. Nous travaillons avec l’Etat à fédérer davantage les grands acteurs français de l’aéronautique (Total, Safran, Airbus, Suez, Air France…) afin de trouver les meilleures solutions possibles. Quant aux normes d’adaptation pour les équipements ou matériels aéronautiques par exemple, la régulation se fait à l’échelle mondiale via l’Organisation Internationale de l’Aviation Civile (OACI).
* Solar Impulse est un projet d’avion alimenté par l’énergie solaire, sans carburant ni émission polluante.