Paris : Une prise de conscience au ralenti
Pourtant pionnier et novateur, le plan d’adaptation de Paris ne lui permet pas encore d’intégrer pleinement la résilience à sa politique d’aménagement.
« Fluctuat nec mergitur » : « Il est battu par les flots, mais ne sombre pas ». Avec une telle devise, Paris se devait d’être une référence de la résilience urbaine. Elle l’est devenue. Avec son Plan climat rédigé dès 2007, et sa stratégie d’adaptation de 2015, la capitale française est une source d’inspiration à travers le monde. Depuis avril dernier, elle accueille un haut responsable à la résilience, Sébastien Maire. Une politique ambitieuse dans laquelle Paris investit plus de 500 euros par an et par habitant, un record parmi un groupe de dix villes étudiées*.
Paris menacée par la sécheresse et les canicules
« Le risque premier est lié à la Seine, explique Sébastien Maire. Pas tant à sa crue – qui a peu à voir avec le changement climatique – qu’à son assèchement, qui menace l’approvisionnement en eau potable et la navigation. »
Paris dépense plus de 500 euros par an et par habitant pour s’adapter.
D’autant plus que, d’ici 2050, les canicules à répétition créront des îlots de chaleur urbains capables de rendre la ville 6°C plus chaude que son environnement rural, et mettant en danger la population mais aussi les réseaux de transport et d’approvisionnement électrique. Pour y faire face, Paris mise sur la mobilisation des habitants : le plan canicule sollicite la vigilance des commerçants envers les personnes vulnérables. La mairie réfléchit à des partenariats avec les bailleurs sociaux ou les gardiens d’immeuble. « En Nouvelle-Zélande, la ville de Wellington regroupe les citoyens par zone, chacune disposant d’un référent en possession d’une liste de personnes fragiles pour les secours », décrit Sébastien Maire.
Encore peu de mesures concrètes
Fontaines, ouverture des parcs la nuit, plan canicule… : les aménagements sont encore marginaux. « Il est vrai que l’urbanisme est peut-être la politique la plus difficile à convertir à l’adaptation », reconnaît l’élue EELV du conseil de Paris chargée de ces questions, Célia Blauel. Ainsi l’utilisation de nouveaux matériaux de construction n’a pas été intégrée comme prévu dans le PLU. Mais « nous avons réussi à faire changer la logique de gestion des eaux de pluie en passant de l’évacuation totale par les égouts à une politique d’infiltration des eaux, grâce notamment à la végétalisation », se félicite Célia Blauel. Des expérimentations ponctuelles promeuvent aussi de nouvelles manières de construire. Une réflexion est ainsi en cours sur des voiries en asphalte n’emmagasinant pas la chaleur. Mais la principale difficulté est que Paris est déjà presque entièrement construite. « Nous réfléchissons donc davantage à une reconstruction post-catastrophe mieux adaptée », explique Sébastien Maire. Reste que l’enjeu dépasse le strict périmètre de la ville. Or, « en dépit de mes appels, notamment auprès de Chantal Jouanno, vice-présidente chargée de l’écologie et du développement durable pour l’Ile-de-France, je n’ai aucun contact avec la Région sur le sujet », regrette Célia Blauel.
* Selon une étude du University London College (ULC), comparant New York, Londres, Paris, Pékin, Mexico, São Paulo, Bombay, Jakarta, Lagos et Addis-Abeba.