La France championne des obligations vertes
De 4,5 milliards de dollars en 2012, le marché des obligations vertes a grimpé en 2015 à plus de 43 milliards de dollars. Pour la cinquième année consécutive, le record devrait être dépassé en 2016 pour atteindre 70 milliards de dollars. Une obligation verte est une obligation comme un autre, émise par une structure en besoin de financement auprès d’investisseurs potentiels. Mais elle concerne uniquement les projets générant des « bénéfices environnementaux ». La toute première est émise en 2008 par la Banque mondiale. Suivent des institutions publiques puis, peu après, des entreprises comme EDF – qui ouvre la voie en France fin 2013 –, mais aussi des collectivités telles que la Région Ile-de-France, qui récolte 600 millions d’euros par ce biais en 2014. La France est aujourd’hui le quatrième marché mondial d’obligations vertes.
Les raisons d’un engouement
L’emballement pour ces produits financiers s’explique par leur transparence. Ils donnent en effet aux investisseurs une visibilité sur la finalité de leur placement, contrairement aux obligations classiques pour lesquelles ils ne savent pas précisément comment leur apport sera dépensé.
L’Hexagone est le 4e marché mondial d’obligations vertes.
Les obligations vertes offrent aussi une garantie supplémentaire, car les projets financés s’inscrivent dans le long terme : celles émises par la Banque mondiale sont ainsi notées AAA/Aaa. Il y a, enfin, un réel « attrait des investisseurs à réaliser des investissements responsables, spontanément ou sous influence réglementaire », analyse Michaël Notat, directeur des marchés de Vigeo, entreprise française, deuxième mondiale dans la certification de ces titres.
Une solution pour l’adaptation ?
Reste que cette source de financement concerne encore majoritairement les projets d’atténuation du changement climatique, et encore peu les projets d’adaptation. Or pour 85% des villes, le manque d’argent est le premier obstacle à la conduite d’une politique de résilience. En Europe, la Caisse des dépôts estime que le besoin de financement de l’adaptation aux changements climatiques s’élève à 150 milliards de dollars par an d’ici 2030, alors que seuls 25 milliards sont investis aujourd’hui. Un besoin que les obligations vertes pourraient en partie combler. Mais pour évaluer l’efficacité des projets, les investisseurs demandent des labellisations solides. Or, contrairement à la métrique relativement facile de la tonne carbone, qui sert à évaluer les projets d’atténuation, « il est plus difficile de quantifier l’adaptation, il faudrait pour cela trouver ou inventer de nouveaux indicateurs », explique Michaël Notat. Même si « c’est une question de temps avant que les obligations vertes n’envahissent le secteur de l’adaptation », assure le directeur de Vigeo. D’autant plus qu’en 2017, la France sera le premier pays à émettre un emprunt d’Etat vert de 9 milliards d’euros sur trois ans. Une initiative pionnière, susceptible de provoquer une impulsion dans le financement de l’adaptation. Reste à encadrer ce produit financier en plein boom afin qu’il n’explose pas en vol. L’association WWF appelle ainsi à la définition de « normes fiables, crédibles, suffisamment précises et largement acceptées » pour déterminer le caractère vert d’une obligation et éviter ainsi le « greenwashing ». Pour l’instant, ces règles sont tacites, et ne sont pas soumises à un contrôle indépendant.