Développer une politique d’adaptation encore embryonnaire
Quelle que soit l’intensité de la lutte contre le changement climatique, nous subirons ses effets dans les années qui viennent. Nous devons donc nous adapter à cette nouvelle menace.
Face au caractère inévitable des bouleversements climatiques à venir, le Giec appelle, dès 1990, les Etats à agir.
L’agroforesterie qui mêle arbres, cultures et animaux, bénéficie d’un intérêt grandissant.
L’organisme intergouvernemental encourage les territoires à améliorer leur résilience, c’est-à-dire leur capacité à résister et à survivre à des altérations et à trouver un nouvel équilibre après un choc. Pionnière européenne, la France crée en 2001 l’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (Onerc), puis lance un premier Plan national d’adaptation au changement climatique (PNACC) pour la période 2011-2015, doté de 171 millions d’euros. Il sera suivi d’un PNACC 2 au premier trimestre 2017. En décembre dernier, l’Accord de Paris adopté à la COP21 place, quant à lui, la résilience à égalité avec la lutte contre le changement climatique.
Priorité au développement des connaissances et des méthodes
Bien que consacrée dans les textes, l’adaptation aux aléas climatique est encore peu présente dans le débat national et les politiques locales. Mais « il se passe des choses en coulisses », affirme Sylvain Mondon, chargé de l’application du PNACC à l’Onerc, comme la création du site « Drias, Les futurs du climat ». Cet outil propose des projections climatiques (températures, pluviométrie, risques de sécheresse ou de feux de forêt) à des échelles territoriales fines. Il est en libre accès pour les collectivités. « Une réalisation phare, qui permet aux élus de faire travailler les bureaux d’étude sur un diagnostic de vulnérabilité préalable, indispensable à la conduite d’une politique d’adaptation », se félicite Sylvain Mondon, également météorologue et climatologue. Aujourd’hui, la priorité est nettement donnée à l’identification des risques, au détriment de la recherche de moyens d’adaptation concrets, comme le regrettent plusieurs observateurs.
Des solutions d’adaptation émergentes
Encore embryonnaires, des tendances émergent. L’Onerc a ainsi identifié des techniques de construction des infrastructures et des systèmes de transport (matériau, isolants…) qui devront d’évoluer sous l’effet du changement climatique. L’Afnor et le Comité européen de normalisation s’attellent déjà à la modification des normes de ce secteur. Des recherches sont également en cours pour adapter génétiquement les pins maritimes, certains peupliers ou des mélèzes aux nouvelles conditions climatiques. L’agriculture aussi se saisit du problème avec la création, en 2013, du Fonds national de mutualisation des risques sanitaires et environnementaux, et n’hésite pas à faire appel au crédit du Fonds européen agricole pour le développement rural (Feader) pour la gestion des menaces climatiques (100 millions d’euros par an). Les entreprises, enfin, commencent à se mobiliser, à l’image d’EDF et ses plans de gestion prévisionnels grand froid, grand chaud, tempête et, plus récemment, le plan tornade, encore en cours de mise au point.