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« Terrorisme : comprendre pour mieux combattre »

02/06/2016
  • Les tribunes de Jean-Michel Arnaud
Valeurs actuelles

Même si l’incertitude demeure, la tragique disparition de l’avion d’Egyptair a ranimé l’espace d’un instant dans une France meurtrie, le spectre du terrorisme. Après une année 2015 de cauchemar, les Français se sentent prisonniers d’un engrenage infernal. Ils attendent surtout, et c’est normal, une réponse rapide et forte de leurs gouvernants. Cette réponse a pris des formes diverses : déclaration puis prorogation de l’état d’urgence, intensification des frappes aériennes, renforcement des moyens de la police et du renseignement. Nécessaires, ces mesures n’exonèrent pas d’une réflexion sur les causes. Comprendre, c’est aussi combattre. Quand, le 19 novembre 2015, le premier ministre Manuel Valls déclare devant l’Assemblée nationale- « un totalitarisme a frappé la France, non pas pour ce qu’elle fait, mais pour ce qu’elle est »-, il ferme la porte à toute interprétation. Une porte qu’il n’a pas rouverte depuis. Lors d’une séance de questions au gouvernement au Sénat le 26 novembre 2015, le premier ministre a confié « en avoir assez de ceux qui cherchent des explications ». Le 9 janvier 2016, il ajoutait « il ne peut y avoir aucune explication qui vaille ». Fermez le ban !

Le terrorisme est un phénomène ancien. En semant la peur, il cherche à provoquer une réaction populaire. Il obéit à une logique, poursuit un but. Barbare, incompréhensible, il n’en est pas moins rationnel. Pour justifier ses actes, l’Etat islamique a pointé les bombardements français en Syrie. D’où cette question : dans quelle mesure la France fait-elle face à des opérations militaires qui seraient la conséquence de sa politique étrangère ? Rappelons que de décembre 1996 à mars 2012, notre pays qui s’était tenu à l’écart de la guerre d’Irak de 2003, n’a pas connu d’attentats d’origine islamiste. Depuis le début des conflits en Irak et en Syrie, la France s’est alignée sur la stratégie de ses alliés, notamment américains. Son but ? Rétablir dans ces pays des régimes politiques de type « parlementaires » fondés sur l’expression d’une hypothétique « majorité » souvent ressentie comme tyrannique par des minorités exacerbées. Une approche qui pour certains s’apparentent à un contresens historique dans la mesure où elle nie le processus révolutionnaire qui conduit au renversement des Etats mandataires nés de l’accord franco-britannique de Sykes-Picot de 1916. Dans ce cadre, la dimension religieuse serait un instrument de mobilisation contre l’influence occidentale dans la région.

Comment expliquer la pauvreté (ou la rareté) des analyses dispensées dans le cadre du débat public ? Le « secret-défense » n’explique pas tout. Sans doute faut-il y voir une conséquence de l’organisation des administrations en charge de l’analyse de la situation et de l’élaboration des propositions d’action. Rappelons d’abord que les gouvernants décident en général dans l’urgence, sur le fondement de notes synthétiques. Or, bien souvent, simplifier revient à déformer. Dans quelle mesure est-il possible de brosser en une page un tableau de la situation militaire en Syrie qui se caractérise par la coexistence de 1 200 groupes armés aux alliances volatiles ? Ensuite, la démocratie a ses rythmes, son calendrier, ses échéances. Même s’il s’en défend, le décideur politique aura tendance à privilégier le court terme et donc à agir en fonction de l’évènement, non du contexte. Enfin, durant ces dernières années, les services en charge du renseignement ont privilégié l’action au détriment de leurs autres missions, souvent pour défendre des intérêts propres (se renseigner plutôt que renseigner).

Faut-il rappeler que la politique étrangère doit marcher sur deux jambes : contraindre et négocier. En Syrie et en Irak, que proposons-nous et à qui ? Quels sont nos objectifs militaires ? En attendant une réponse, nous assistons à un combat asymétrique dans lequel les victoires de la veille nourrissent les représailles du lendemain. Un jour l’Etat islamique sera vaincu. Mais, tant que nous chercherons à imposer un modèle ancien et venu d’ailleurs sur une réalité complexe dont les nuances nous échappent, d’autres organisations poursuivront la lutte. « Les hommes font l’histoire mais ignorent l’histoire qu’ils font ». À l’heure du « tout renseignement » ce vieil adage demeure d’actualité.

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